C’est l’une des voix du girl-group sixties Gloria (Howlin’ Banana) qui chemine aussi depuis peu en solo : Wendy Martinez a sorti son premier EP en mars 2021 en France (Le Pop Club Records/Belka) et en Angleterre (Outré). Dans cet EP remarqué par la critique (FIP, France Culture, France Inter, Rock & Folk...), elle revisite la pop et le rock français 60’s 70's 80's, pour y chanter l'aube, l'amour cosmique, les vieilles filles en fleur, par voix profonde et chaude. Et l’artiste autodidacte, hyperactive et touche-à-tout, a également illustré son univers surréaliste en peignant ses visuels, et réalisant elle-même des clips psychédéliques, kaléidoscopiques. Depuis cette première sortie, Wendy Martinez a rôdé avec son groupe, en duo ou en solo, son spectacle, qu'elle a défendu dans une trentaine de salles en France et en Suisse, soutenue par l’Epicerie Moderne, l’Asso Ninkasi Muzik Lab ou la Sacem (Printemps de Bourges 2021, Festival Nuits de Fourvière, Festival Nouvelles voix en Beaujolais...). .
Parallèlement aux concerts, elle a composé et finalisé un premier album qui sortira le 31 mars 2023. Neuf chansons viscérales, à la couleur soul 60's, chanson engagée 70's, ou pop plus moderne, toujours en français, sont passées au studio Chien Bleu en avril 2022, avec Matteo Fabbri, ingénieur son. Comme pour l’EP, claviers et orgues, basse gainsbourienne, batterie soul, chœurs d'anges, ont été enregistrés par des musiciens de haute volée, tels que Kid Victrola, son complice de Gloria, ou Josselin Hazard. Et des violons, du haut-bois, du basson, ou du cor ont rejoint les arrangements, ainsi que Wendy le rêvait dans ses pré-productions. Peut-être pour remettre au goût du jour cette grande époque de la chanson française, qui savait si bien flirter avec le classique, la pop ou le rock anglo-saxons. Mais si Wendy Martinez aime Gainsbourg, Fontaine, Ribeiro, Ferré, Bashung ou Vassiliu, elle souhaite s’évader de références trop marquées, pour créer sa propre cosmogonie, tant dans le mot, l’image, le son, la voix... Celle-ci, toujours difficilement comparable, a mûri depuis l’EP, s’est enrichie d’inflexions soul, de chaleur, de caractère.
Le texte, inspiré par les géant.e.s de la chanson et de la littérature, et déposé viscéral sur le papier, dans un style bien singulier, est tantôt scandé dans une mélodie hispanisante, chanté en ritournelle pop, ou déclamé en prose. Dans cet album Wendy Martinez nous chante ses femmes fortes, le monde au quatrième millénaire, le Grand Soir, la résilience, ou le Métavers : un futurisme rétro en somme. Revient souvent l'idée de résilience, de psychosomatique, de parole libérée. Une envie de changement à opérer d’abord dedans. Et puis quelques utopies, passées ou futures, dans lesquelles il ferait bon vivre. Mais point de prosélytisme ici, sa poésie restant d'influence surréaliste, évocatrice, symbolique : si elle livre son monde intérieur dans ses chansons, chacun restera libre de le traduire comme il le souhaite. Le titre de l’album, « Rivages du Monde Flottant », évoque justement le thème de l’impermanence du monde et de ses représentations, cher à Wendy – « monde flottant » étant un terme bouddhique japonais signifiant que les choses de la vie sont éphémères et qu’il faut se réjouir de chaque beauté que le présent offre.
